When he came into the band it started to grow a lot more, and a whole lot faster, because Wayne is a real composer. He writes scores, write the parts for everybody just as he wants them to sound. He also brought in a kind of curiosity about working with musical rules. If they didn’t work, then he broke them. but with musical sense: he understood that freedom in music was the ability to know the rules in order to bend them to your own satisfaction and taste.
Shorter montre une partition à Perez, avec un sourire entendu. Alors que les premières notes s’élèvent du piano, la scène comme la salle semblent hésiter. Et puis trois notes semblent former un motif : Patitucci s’écroule de rire derrière sa contrebasse, l’éternel sourire de Blade s’élargit un peu plus, quelques membres du public pouffent, je souris en me glissant au fond de mon siège.
C’est que, même sans aucune note de la partition originale, même sans la moindre structure à laquelle se raccrocher, le clin d’œil est évident. Et puis il ne l’est plus : ces quatre-là savent que c’est en s’éloignant encore plus qu’ils suggèreront mieux, que c’est en montant chacun toujours plus en puissance qu’ils seront plus subtils ensemble, que c’est en déconstruisant systématiquement leurs riffs qu’ils ramèneront inconsciemment vers le confort du thème.
Wayne Shorter et ses comparses ne sont pas simplement des maitres parvenus au sommet de leur art — non, en toute humilité, ils ont dépassé leur art et ne sont plus soumis à aucune de ses règles. Il n’y a plus de bien et de mal, de vrai et de faux, de gammes et de rythmes, de sourires et de pleurs, de joie et de tristesse. Il ne reste rien, au point que Shorter s’arrête de jouer pour écouter son écho, et ce vide semble contenir l’essence de toute chose. C’est époustouflant.