Peter Siegenthaler, Swissinfo :
Le vote électronique fait l’objet de discussions en Suisse depuis près de 20 ans. Depuis 2016, La Poste exploite un système utilisé par quatre cantons. Celui-ci fait actuellement l’objet d’un examen minutieux. La Poste Suisse a demandé publiquement le piratage de son système de vote électronique. Des informaticiens et des pirates informatiques du monde entier sont invités à participer à ce test, que l’on appelle un « Public Intrusion Test (PIT) » en jargon technique.
Les opposants au vote électronique boivent les critiques des « pirates » comme du petit lait. C’est exactement ce qu’il ne faut pas faire.
Les problèmes techniques seront réglés, la documentation améliorée, et l’argument le plus spécieux — celui du manque de fiabilité — sera ainsi éliminé. Les machines à voter « finiront par devenir fiables », disais-je en 2012. Cela n’a jamais été le problème : on sait détourner un scrutin sans jamais toucher une seule urne, comme l’ont montré l’élection présidentielle américaine et la campagne pour le Brexit en 2016, comme le montre encore aujourd’hui la manipulation de l’opinion engiletée.
Le problème a toujours été plus subtil et plus grave : la machine à voter fait écran, littéralement et symboliquement, entre le citoyen et la démocratie. Le vote électronique affaiblit la République, puisqu’il empêche le « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Ce n’est plus le peuple qui proclame les résultats, ce n’est plus le peuple qui dépouille les bulletins, ce n’est plus le peuple qui vote. C’est la machine, par l’entreprise, pour le profit d’une petite caste.
Est-ce cela, une démocratie plus saine et plus représentative ?