« Achetez nos produits ou vous mourrez », voilà le message des premières minutes de la dernière présentation d’Apple. Sans les appels d’urgence par satellite de votre iPhone, vous mourrez d’hypothermie la prochaine fois que vous serez surpris par le blizzard1 ou de soif la prochaine fois que vous vous perdrez en faisant du rappel2. Sans la fonctionnalité de détection des accidents de votre iPhone, vous mourrez la prochaine fois que vous aurez une crise d’épilepsie au volant. Sans les alertes de rythme cardiaque de votre Appel Watch, vous mourrez d’un cancer (ou d’une arythmie {ou d’un infarctus}) et tuerez l’enfant que vous portez.
Apple vendait un style de vie — création plutôt que consommation, jean et baskets plutôt que cravate et costume, syncrétisme côtier plutôt que conservatisme sudiste. Apple vend maintenant un style de mort — consommation plutôt que création, legging et baskets plutôt que jean et bottines, millénarisme côtier plutôt que fondamentalisme sudiste. Le marketing des produits était un marketing de l’espoir, parce qu’il fallait renouveler la confiance des clients pour raviver leur loyauté. Le marketing des services est un marketing de la peur, parce qu’il faut raviver les phobies des utilisateurs pour renouveler la facture.
« Bon maintenant, je peux souffler mes bougies ? » Apple n’a pas voulu me confirmer qu’elle avait organisé ces anniversaires — sans pour autant le nier — en argüant que cela sonnerait faux. Mais tout cela sonne plus faux que faux, comme les belles histoires de gens « sauvés » par leur iPhone ou leur Apple Watch reprises avec tout l’empressement dont la presse de caniveau est capable3, parce que la vérité est ailleurs. La vérité, c’est que les appareils n’ont plus aucun argument à faire valoir, parce que toute l’industrie est parvenue au même point.
Pire : elle n’arrive pas à faire advenir le futur. Elle a peur, alors elle nous fait peur. L’iPhone et l’Apple Watch « sont tout le temps avec nous », dit Tim Cook, « et si vous oubliiez l’un ou l’autre à la maison, je parie que vous rebrousseriez chemin pour les récupérer. » Nos peurs paniques sont tout le temps avec nous, et puisque nous ne pouvons pas les laisser à la maison, nous devrions payer des abonnements plutôt que les confronter.
J’avais identifié le risque avant même de connaitre le nom de l’Apple Watch : le bracelet prévenant est devenu une menotte dorée verrouillée à double tour par nos peurs existentielles. Le marketing de la peur est en train de me convaincre de revenir aux montres mécaniques. Je pourrais avoir peur d’oublier de les remonter, mais ce n’est pas comme si je n’étais pas entouré d’horloges qui me rappellent que le temps passe trop vite…
Ici
Clichés
Malgré son « grand » capteur principal de type 1/1,28 et son nouveau téléobjectif de 120 mm, le système photographique de l’iPhone 15 Pro Max repose plus que jamais sur des bidouilles logicielles qui interprètent la réalité jusqu’à la réinventer. Je remplace mon iPhone 13 Pro sans le moindre regret, mais je continue de penser qu’il faut que je fasse de la place pour glisser mon petit Canon Powershot G5X dans ma besace.
Mes photos du mois de septembre :
- Justice de paix (Cluny)
- Varia #12 (Lyon)
- Plomberie zinguerie chauffage Ceci (Lyon)
- Espace #6 (Pérouges)
- Ciné 17 (Genève)
Épisodes
Quitte à rapatrier les épisodes du podcaaast sur Zinzolin, j’en profite pour nettoyer les notes qui les accompagnent, en espérant qu’elles incluront bientôt une transcription textuelle. Je revois ainsi nos tâtonnements avant de parvenir au format actuel, le rythme hebdomadaire qui nous occupait pendant les confinements ralentir jusqu’au rythme mensuel qui nous convient désormais, et surtout le plaisir que nous avons à nous répondre (ainsi qu’à nos trois auditeurs et notre auditrice — rejoignez-les !) au fil du temps.
Notre épisode du mois de septembre :
Lectures
Plus j’écris et moins je le lis, le mois de septembre ne fait jamais exception. (Je crois que cela en valait la peine.) En attendant de reprendre le chemin de ma bibliothèque, j’ai donc fini d’écouler mes notes de lectures estivales.
Mes notes de lecture du mois de septembre :
Tasses
Je n’ai jamais réussi à tirer quoi que ce soit des cafés torréfiés par Moxka… jusqu’à ces dernières semaines. Ouf ! Il aurait quand même été dommage que je ne puisse pas me fournir chez le torréfacteur le plus proche de ma cafetière. Après un détour par Bayonne, je reviendrai farfouiller dans le menu de la maison lyonnaise.
Mes tasses du mois de septembre :
Ailleurs
Apprendre
Je possède un couteau suisse depuis, quoi, trente ans ? Je viens seulement d’apprendre que le tirebouchon (ou le crochet) cachait un minuscule trou dans lequel on peut glisser une épingle. Victorinox en fournit une avec certains modèles, mais la première qui m’est tombée sous la main rentre parfaitement dans le Waiter qui m’accompagne au quotidien. On en apprend tous les jours.
Mais aussi :
- « Drowned in a Bowl of Blood » (London Review of Books) — des jardins perses au paradis, il n’y a qu’une traduction grecque.
- « Dear Duolingo: Are any words the same in all languages? » (Duolingo Blog) — « café », bien sûr.
Écouter
Olivia Rodrigo aurait un joli grain de voix s’il n’était pas poncé à la hache par un mixage supersonique. Guts est un album de pop calibrée produite sous serre, nourrie à l’algoflashrithme pour émoustiller les jeunes filles qui aimeraient être cette all-American bitch chantée en douze morceaux, après avoir passé leur enfance à s’abrutir devant le Disney Channel. C’est agaçant, c’est redoutable, c’est agaçant parce que c’est redoutable et c’est redoutable parce que c’est agaçant.
Mais aussi :
- Eastwood Symphonic (Kyle Eastwood) — je préfère me souvenir du père Eastwood qui plissait malicieusement les yeux sur la musique nerveuse de Morricone que de cet album du fils Kyle qui agite désespérément les bras sur une partition marshmallowesque « inspirée » par Ennio.
- Outside Problems (Andrew Bird) — un parfait contrepoint, qui donne envie de se balader d’un pas léger au son du violon, pourquoi pas jusqu’à Wichita.
- L’heure espagnole (Les Siècles/François-Xavier Roth) — Roth continue à m’émerveiller : c’est en suivant les instructions de Ravel plutôt que la tradition populaire qu’il me fait redécouvrir le Boléro, infiniment plus intrigant avec cette cadence martiale, parfaitement tenue par Les Siècles.
- Bach minimaliste (La Tempête/Simon-Pierre Bestion) — un terrible contrepoint, qui donne envie de jeter Bach avec l’eau de boudin, malgré la présence des Shakers Loops de John Adams.
Lire
Le château n’a pas fait supprimer les preuves télévisées de la vindicte rugbystique à l’encontre de Macron pour protéger les intérêts de la présidence, c’est « l’opérateur de contrôle des droits audiovisuels de World Rugby » qui s’en est chargé pour protéger les intérêts… de TF1. La réponse formulée par le « directeur du numérique » de BFM est une terrifiante admission d’impuissance : à travers les plateformes (américaines) de diffusion, la notion (américaine) de copyright soutenue par la loi (américaine) de la DMCA est devenue plus importante que la loi (française) garantissant une exception au droit d’auteur (français) permettant d’informer correctement et durablement les citoyens (français). L’exception d’information ne devrait souffrir d’aucune date d’expiration, mais puisque la liberté d’informer devient elle-même une exception…
Mais aussi :
- « The right to data ownership is the only way to take on Big Tech » (The Telegraph)
- « The Genius Bar in a country where iPhones can’t legally be sold » (Rest of World)
- People’s behaviour at music gigs is getting worse. I have three rules to solve that (The Guardian)
- « Wondersomethingsomething » (Riccardo Mori)
- « Le prix de l’huile d’olive flambe à cause de la sécheresse » (Reporterre)