Après onze ouvrages consacrés à macOS en autant d’années, je dois confier une certaine lassitude. Je suis de moins en moins endurant à l’effort, et l’effort est de plus en plus conséquent. Rares sont les auteurs qui se hasardent encore à écrire un guide complet du système1, et je comprends pourquoi les autres ont jeté l’éponge.
Les « mises à jour » comprenaient quelques fonctions tournant autour d’un thème central, et le grand manitou pouvait présenter la liste des cinq piliers de l’année, parce que c’était la liste qui avait guidé le développement. Les « mises à niveau »2 comportent une litanie de changements disparates, et personne n’est capable de fournir une liste précise3, parce qu’elle change en même temps que les product owners.
Mes premiers ouvrages décrivaient l’audace naïve et la vivacité maladroite d’une multinationale qui se concevait encore comme une start-up. Les bugs et les incohérences étaient aisément pardonnés. Mes derniers ouvrages décrivent la gestion précautionneuse et l’ambition démesurée de la plus grande entreprise de l’industrie de l’informatique. Les mêmes bugs et les mêmes incohérences sont absolument impardonnables.
Le Mac n’est plus « l’ordinateur pour le reste d’entre nous », mais une « expression matérielle » parmi d’autres permettant de profiter de services de moins en moins tangibles. Pour décrire précisément macOS, il faut déconstruire la déconcentration recentralisatrice de l’informatique, ces appareils formant une continuité de fonctions qui procèdent du cloud.
Or je manque de mots pour décrire cette complexité. Apple ne respecte pas ses propres règles de conception d’interface, et m’oblige à trouver des trésors périphrastiques pour guider le lecteur dans le labyrinthe des Réglages Système. J’ai même dû inventer des termes4 pour désigner des fonctions pourtant présentées comme des innovations majeures ! Bref, Le guide de macOS Ventura est disponible pour 9,99 €, et je ne veux plus en entendre parler pendant quelques mois.
Articles
« L’histoire continue », clame fièrement Astrohaus, qui présente son Freewrite Alpha comme un digne successeur du Neo 2 de feu AlphaSmart. Oui, mais voilà, j’ai des questions. Beaucoup de questions. Puisqu’Astrohaus ignore mes courriers électroniques, je me suis permis de prendre le public de la campagne de sociofinancement à témoin, et de mettre en scène mon ingénuité sur Indiegogo. La suite (ne) va (pas) vous étonner.
Biblio
Je n’ai pas encore trouvé le temps de mettre en ordre mes notes sur Status and Culture: How Our Desire for Social Rank Creates Taste, Identity, Art, Fashion, and Constant Change. L’ouvrage exigeant, extensif, fertile de W. David Marx mérite mieux qu’une critique bâclée en deux paragraphes. En attendant donc, je me suis remis le pied à l’étrier en finissant What We Talk About When We Talk About Love, que j’avais abandonné dans un tiroir de la table de chevet. Raymond Carver est un maitre de la nouvelle, assurément, mais ses ressorts se sont détendus.
Departures
Ma redécouverte de la musique électronique est passée par des formes presque entièrement dénuées de percussions. Je crois comprendre pourquoi : la techno et la dance reposent sur des rythmes très « carrés », aux antipodes du swing que je massacre sur ma guitare et qui massacre mes oreilles, qui me donnent l’impression d’une chute permanente vers l’avant. Doucement mais surement pourtant, je « durcis » ma sélection, grâce aux suggestions de lecteurs et d’auditrices (merci !).
Lorsque le volume est suffisamment élevé, ces morceaux m’empêchent de m’entendre penser, et m’obligent à penser plus fort donc plus clair. Cette expérience est en train de réinitialiser mon rapport à la musique, qui était devenu fort passif. Cela dit, la troisième édition de ma liste de lecture « Departures » ne fait pas boum-boum, mais plutôt bom-bom-bom.
La prévalence des morceaux aux influences sud-américaines m’a rappelé les compilations lounge des années 2000. Même si je suis loin d’avoir la science des programmateurs de l’Hôtel Costes et du Buddha-Bar, je ne suis pas peu fier de mon fil rouge. Les quelques heures passées à arranger cette liste de lecture sont devenues parmi mes moments favoris du mois.
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- Les anciennes éditions de Departures
Photo
Au rythme bimensuel, j’avais programmé la publication de photos jusqu’à l’été 2024, et mis suffisamment de clichés de côté pour publier jusqu’en… 2032 ! Or chaque année, je sélectionne une cinquantaine de nouveaux fichiers. Le rythme hebdomadaire m’évitera de prendre trop de retard.
C’est à peine si l’on voit les façades de la librairie Samuelian et de l’ancienne épicerie de la rue des Trois-Pierres, tant les bagnoles imposent leur présence dans l’espace « public ». Je médite depuis longtemps un article sur le sujet, qu’il faudra bien que je parvienne à publier. J’apprécie toujours le contraste des textures minérales-végétales, et je me plais à imaginer des villes envahies de lierre, tout l’inverse de cette botte de béton négligemment posée dans un champ du Firminy Vert.
Podcaaast
Ce site est un miroir : il change parce que je change. Ce qui ne change pas, c’est que j’écris, que je lis, que je marche. Parfois en même temps. Arnaud écrit, et lit plus qu’il ne le prétend, mais « apprend encore à marcher » de son propre aveu. Dans l’épisode nº 53 du podcaaast, j’ai essayé de le convaincre que la marche était le sommet de la technologie. L’épisode nº 54 se devait d’être plus prosaïque, alors nous avons discuté des raisons qui l’ont poussé à vendre son iMac 24", et qui m’ont poussé à acheter un Google Pixel 6a.
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Et encore, je ne considèrerai pas que cet ouvrage est exhaustif avant d’avoir ajouté une demi-douzaine de chapitres. ↩︎
Ces derniers mois, Apple a clarifié la différence entre les « mises à jour » (de macOS 13.0 à macOS 13.1 par exemple) et les « mises à niveau » (de macOS 13.0 à macOS 14.0 par exemple). ↩︎
La liste publiée sur le site d’Apple est fausse : certaines « nouveautés » ont été incorporées dans le courant de l’année passée, d’autres le seront dans le courant de l’année qui vient, et quelques changements parfois cruciaux sont oubliés. ↩︎
« Scène » et surtout « coulisse » pour lever toute confusion dans les descriptions de Stage Manager. Ajoutez Spotlight, et vous pouvez vous dire que le Mac est le théâtre de votre vie numérique. On s’amuse comme on peut. ↩︎