La vie n’est pas plus longue, la critique n’est pas plus difficile, mais l’art1 n’a jamais semblé aussi interminable. Nous vivons un âge d’or de la production culturelle : quelques millions de livres, quelques centaines de milliers d’albums, et quelques milliers de films sont publiés chaque année. Même que certains sont supportables.
La numérisation démocratise (un peu) l’accès aux biens culturels, en même temps qu’elle diminue (beaucoup) la perception de leur valeur. Le triomphe du streaming finit de les rendre intangibles, interchangeables, impermanents. Tout change et rien ne demeure, pour paraphraser un autre Grec ancien, les flux d’octets s’écoulent sans discontinuer.
Or depuis quelque temps, j’ai l’impression d’entendre la musique plus que je ne l’écoute, de consommer inconsidérément plutôt que de me cultiver précautionneusement. Je veux construire une écluse pour retenir le flux pendant quelques instants, écouter plus attentivement, comprendre pourquoi je n’aime plus ceci et pourquoi je ne pourrais plus me passer de cela.
Simon Collison montre la voie avec son excellente playlist « Colly’s Music Weekly », mais je ne voudrais pas me créer de nouvelles obligations en adoptant la même cadence hebdomadaire. Chaque mois donc, « Departures »2 réunira une vingtaine de titres de jazz électrisant et d’électro jazzifiante, entrecoupés de morceaux de R&B et de hip-hop au groove bien senti.
D’une certaine manière, le pari est déjà réussi. J’ai pris un grand plaisir à rebâtir ma veille musicale, à farfouiller les bacs virtuels, à écouter les dernières sorties en boucle, à arranger et réarranger les morceaux jusqu’à trouver la bonne progression, et même à dessiner la jaquette de cette première édition. J’espère que vous en aurez autant à l’écouter.
Biblio
J’aurais voulu explorer les contreforts de la chaine des Puys, comme si j’avais encore seize ans, mais mon pied en a décidé autrement, et j’ai dû me contenter d’explorer ma bibliothèque numérique. J’ai fait une omelette en lisant Anthony Bourdain et un pain de châtaignes en lisant Robin Sloan – dont j’ai proprement englouti l’œuvre, quoique Mr. Penumbra’s 24-Hour Bookstore et The Suitcase Clone m’ont moins touché que Sourdough. Conspiracy: A History of Boll*cks Theories, and How Not to Fall for Them fait exactement ce que le titre dit, et c’est drôlement judicieux, mais We Should All Be Feminists n’est pas loin de faire l’inverse, et c’est terriblement décevant. J’ai tant lu que j’ai maintenant quelques fiches de retard !
Bistro
J’économise précieusement mes réserves de café, tant le prix a augmenté et le choix s’est réduit ces derniers mois, mais je n’ai pas pu me retenir d’ouvrir le paquet de Guatemala Acatenango qu’il me restait de ma dernière visite à la Brûlerie Verte. On dirait que je vais devoir rapidement remonter sur mon vélo.
MacGeneration
Une tech plus verte est maintenant disponible chez Apple, chez Amazon, et même chez Rakuten Kobo. Comme chaque année à la même époque, je reprends mon bâton de pèlerin pour faire le tour des nouveautés de macOS. Mais comme j’ai mal au pied…
Mémo
Si j’ai bricolé quelques petits scripts en Python, l’un pour obtenir l’heure avec le décalage horaire et l’autre pour vérifier la validité d’un ISBN, c’est parce que je n’ai pas pu m’empêcher de patouiller le thème de Zinzolin. Faute d’être entièrement convaincu par mon entête vertical, qui s’adapte mal aux petits écrans, j’ai caché le menu dans l’enpied, en reprenant un peu de la présentation de 2014 et beaucoup de celle de 2015, que j’ai toujours regretté d’avoir abandonnées. J’en ai profité pour systématiser ma palette de couleurs, dont j’aurais l’occasion de reparler.
Photo
Encore une façade, encore une porte… En triant mes derniers clichés, j’ai cru déceler une nouvelle obsession pour les objets porteurs d’une certaine mélancolie, généralement accrochés aux murs (porteurs, eux aussi ?). Cette nouvelle collection s’ouvre avec une boite postale, parce qu’il faut bien commencer quelque part.
Podcaaast
Les machines ont mauvais gout, disions-nous, avant même d’imaginer parler de Dall·e. Ces épisodes sont d’une telle densité que l’inaccessibilité relative du support sonore me chiffonne – il faudrait que je transcrive certains passages. Quel beau problème !
Hippocrate parlait probablement de τέχνη, mais je n’ai jamais su distinguer l’art de la technique. ↩︎
Everything sounds better in English, doesn’t it? ↩︎