Quelques remarques au sujet du keynote d’ouverture de la WWDC 2020 :
- En tant que journaliste, ce keynote était épuisant, avec son rythme saccadé et nerveux, façon échappée de baroudeurs à dix kilomètres d’une arrivée en haute montagne. En tant que spectacteur, ce keynote était plaisant, avec sa succession d’intervenants variés pour couper les gros morceaux en bouchées digestes, et son parfait enchainement de petits rafraichissements. (Comment ça, je mélange les métaphores ?)
- Le nouvel écran d’accueil de l’iPhone et de l’iPad ne comporte pas seulement des widgets, mais des piles qui présentent le widget le plus approprié et les données les plus pertinentes, il ne comporte pas seulement des pages d’icônes, mais des sélections adaptées au moment et aux habitudes. Reconnaissance vocale sur l’appareil, traduction en temps réel avec synthèse vocale, transcription de l’écriture manuscrite… Nous sommes en train de franchir un cap dans l’intégration des techniques d’intelligence artificielle et la proactivité des interfaces.
- La nouvelle Motion API révèle les possibilités offertes par les capteurs intégrés aux audinateurs que sont les AirPods Pro, notamment en matière de positionnement relatif. La spatialisation de l’audio, qui « épingle » une sphère sonore autour de votre tête, est déjà intéressante quand elle permet de profiter des enregistrements musicaux en 5.1 et des films en Dolby Atmos. Mais elle sera passionnante lorsqu’elle sera appliquée aux usages de la réalité augmentée. Brique par brique, le futur de l’informatique personnelle se construit sous nos yeux.
- Les App Clips sont les applications des futures « lunettes » d’Apple.
- Les widgets montrent comment des fonctions peuvent remonter depuis l’Apple Watch vers l’iPhone, comme des fonctions remontaient depuis l’iPhone vers le Mac.
- Les tachymètres ne servent plus à rien, mais j’adore mon chronographe inspiré des modèles des années 1970, et j’attends avec impatience le futur cadran « Chronographe Pro » intégré à watchOS 7.
- Puisque je viens de reprendre les 574 captures de mon guide de macOS, Apple a complètement changé l’apparence de macOS Big Sur, au point de justifier le passage à la onzième. Heureusement, j’avais développé de petits outils pour faciliter la prise et la maintenance des captures.
- L’air de famille est indéniable, notamment grâce aux palettes de couleurs et aux collections d’icônes unifiées, mais les fondamentaux de macOS demeurent. Cette nouvelle apparence manque de contraste – et de finition – par endroits, mais je ne déteste pas la direction prise par les designers d’Apple. Je préfère une interface un peu trop colorée, et celle de macOS Big Sur l’est probablement, à une interface un peu trop clinique, comme celle de Mac OS X Snow Leopard qui m’a plongé dans une profonde dépression.
- Je note la brève apparition d’Alan Dye, dans un clip monochrome, de manière très ironique. Cette incarnation des principes du design d’Apple est importante : elle installe progressivement la succession de Jony Ive, et favorise l’émergence de nouvelles tendances et l’instauration de nouveaux débats, au profit de l’ensemble de l’industrie.
- Tous les éléments d’interface possèdent désormais des coins arrondis. Est-ce que les coins des écrans des futurs Mac vont eux aussi s’arrondir, comme ceux des écrans des iPad Pro ?
- Sans surprise, Apple utilisera le même matériel de la plus petite montre à la plus grande station de travail, mais en proposera différentes « expressions », correspondant à différentes expressions d’un logiciel maintenant largement mutualisé. Le Mac est un iPhone comme un autre, et l’iPad est une Apple Watch comme une autre, en quelque sorte.
- Apple n’a pas prononcé le mot « ARM » une seule fois pendant le keynote. L’enjeu réside moins dans l’opposition entre les architectures x86 et ARMv8-A que dans les possibilités offertes par les circuits conçus par l’équipe de Johny Srouji. Alors que les logiciels les plus cruciaux sont maintenant gravés dans le silicium, Apple a repris le contrôle de la destinée du Mac. Les processeurs Intel nous ont donné le MacBook Air. Quelle(s) machine(s) les puces Apple nous donneront-elles ?