Depuis ce samedi 1er janvier 2022, je ne suis plus directeur de la rédaction de Next INpact. […] Je passe parfois une partie substantielle de mes journées à faire autre chose qu’analyser des PDF, monter des machines/plateformes de test et décortiquer des technologies, alors que c’est cette partie de mon métier qui me passionne le plus. J’aimerais parfois pouvoir prendre le temps de m’enfermer dans mon labo pour mieux l’organiser, monter tout un réseau pour un essai en particulier, sans interruption et sans avoir à gérer “le quotidien”.
Je comprends ce sentiment, parce que je le ressens… pour des raisons parfaitement opposées. La minutie des technologies m’ennuie : je n’aime plus guère (dé)brancher des câbles, je préfère lire des livres plutôt que décortiquer des fiches techniques, et je ne compte pas combattre ma future exclusion de la marche des technologies1. Les principes des technologies me passionnent : je pourrais parler pendant des heures de l’histoire des technologies de la désinformation, je m’inquiète des formes de contrôle social rendues possibles par l’informatisation de nos relations, j’espère que les « nouvelles » technologies seront l’une des clés — plutôt que l’une des causes — de notre lutte contre le réchauffement climatique.
Je ne suis pas certain de pouvoir accorder l’attention que méritent ces questions en restant journaliste, mais je refuse de croire qu’il est absolument impossible de le faire avec une carte de presse en poche. David a le courage de partir (en gardant un pied dedans), j’ai la témérité de rester (en mettant un pied dehors). Je partage pourtant son constat : je me suis flingué le corps à force d’enchainer les journées de seize heures, je suis en train de me flinguer l’esprit à tant buter contre mes dissonances cognitives. M’enfin… Bonne année, tout ça.
Je porte déjà des lunettes, et je n’ai pas l’intention de les échanger contre des bésicles connectées. ↩︎