Poppy Crum, IEEE Spectrum :

The ear is like a biological equivalent of a USB port. It is unparalleled not only as a point for “writing” to the brain, as happens when our earbuds transmit the sounds of our favorite music, but also for “reading” from the brain. Soon, wearable devices that tuck into our ears—I call them hearables—will monitor our biological signals to reveal when we are emotionally stressed and when our brains are being overtaxed. When we are struggling to hear or understand, these gadgets will proactively help us focus on the sounds we want to hear. They’ll also reduce the sounds that cause us stress, and even connect to other devices around us, like thermostats and lighting controls, to let us feel more at ease in our surroundings. They will be a technology that is truly empathetic—a goal I have been working toward as chief scientist at Dolby Laboratories and an adjunct professor at Stanford University.

Je propose « audinateur » pour traduire « hearable ».

Les AirPods montrent tout l’intérêt — et tous les dangers — des audinateurs. Je me prends déjà à convoquer Siri pour un oui ou pour un non : réaliser une opération, envoyer un message, traduire un mot, prendre une note, naviguer jusqu’à mon prochain rendez-vous. Et, bien sûr, jouer de la musique.

Je pourrais faire la même chose avec un assistant domestique, mais mes audinateurs me suivent partout où je vais. Je pourrais faire la même chose avec mon iPhone ou mon Apple Watch, mais mes audinateurs libèrent mes mains et surtout ma vue. Il ne s’agit pas seulement d’informatique personnelle, ou seulement d’informatique mobile, ou seulement d’informatique ambiante. Il s’agit des trois à la fois, et cela change tout.

Mais pour le moment, ça s’arrête là. Or les audinateurs occupent une position privilégiée dans l’oreille. Ajoutez quelques capteurs, et vous pouvez suivre la fréquence cardiaque, relever la température, et mesurer la conductance cutanée. Changez la manière dont vous analysez les données de l’accéléromètre, et vous pouvez suivre les mouvements de la tête, détecter une chute ou une crise d’épilepsie, mesurer le niveau d’attention et de stress.

Et puis qui sait ? De futurs capteurs encore plus précis pourraient être capables de capter le mouvement des yeux et de mesurer l’activité électrique du cerveau. Les audinateurs pourraient alors révolutionner le suivi du sommeil. En attendant, ils joueront déjà le rôle de prothèse auditive. Une prothèse choisie, capable d’atténuer certaines fréquences et d’en amplifier d’autres1.

Les audinateurs vont continuer de transformer notre rapport au corps, avec les conséquences que l’on sait. Mais ils vont aussi changer notre rapport au son, et donc au corps des autres. Quel effet auront-ils sur les normes sociales ?


  1. J’attends avec impatience de pouvoir filtrer le bruit des voitures mais pas des avertisseurs sonores, le fond sonore d’un restaurant mais pas le centre sonore d’une conversation. ↩︎