Lentement (4)
Avec la commercialisation du Motorola Razr et la présentation du Samsung Galaxy Z Flip, on se croirait revenu en 2003 ! Pas seulement parce que la presse spécialisée multiplie les articles sur les mérites des téléphones pliables et la crainte du coronavirus. Non, nous sommes revenus au même point du cycle technologique.
Écrans POLED, verre flexible, microcharnières, eSIM1… les fabricants cherchent à justifier l’existence des nouvelles technologies. À défaut d’avoir percé le secret de la prochaine innovation, ils multiplient les nouveautés. Comme les Palm et les BlackBerry avant eux, ces appareils connaitront certainement un certain succès. Soyons francs, je veux bien un petit Samsung Galaxy Z Flip2.
Mais comme les Palm et les BlackBerry avant eux, ces appareils disparaitront probablement dans quelques années. Ces « expressions matérielles », pour reprendre ma traduction très personnelle de form factor, ne sont pas la fin. Ce ne sont qu’un moyen pour éprouver les composants qui permettront d’ouvrir le prochain cycle technologique, à la frontière de l’informatique et de la biologie.
Voir
Porco Rosso (Studio Ghibli/Netflix). J’aimais Porco Rosso avant de prendre de l’embonpoint, je l’adore aujourd’hui. La vision japonaise romantiquement déformée des pays méditerranéens, le thème récurrent de la conduite à tenir face au nationalisme et au militarisme, une pointe de réalisme magique, la dénouement laissé en suspens… Comme Marco est un pilote d’exception grimé en cochon, Porco Rosso est un film d’exception déguisé en dessin animé.
Only Yesterday (Studio Ghibli/Netflix). La première fois que je l’ai regardé, Only Yesterday ne m’avait pas marqué. Dix et quelques années plus tard, il m’a vaguement intrigué, mais pas assez pour aller jusqu’au bout. Peut-être dans dix ans ?
Kiki’s Delivery Service (Studio Ghibli/Netflix). À part quelques extraits ici ou là, je n’avais pas revu Kiki’s Delivery Service depuis sa sortie dans les salles françaises, en 2004. Je ne crois pas avoir capté, à l’époque, l’immense optimisme du film. Rendez-vous compte : Kiki n’a subi aucun traumatisme, ne doit affronter aucune faction maléfique, et ne doit pas empêcher (ou provoquer) la fin des temps. C’est juste une petite sorcière, qui essaye de trouver sa place dans le monde. Don’t we all?
Castle in the Sky (Studio Ghibli/Netflix). Le premier film formellement produit par le Studio Ghibli, mais pas mon favori. Comme Nausicaä, qui le précède dans la filmographie de Hayao Miyazaki, Castle in the Sky est probablement trop steampunk et fin-du-mondiste pour moi. À tout prendre, je préfère les machines volantes de Porco Rosso, la magie joyeuse de Kiki, et la bonhommie de Totoro.
Écouter
Ron Carter. Triode comporte une fonction plutôt maline, qui permet d’ouvrir le morceau qui passe à la radio dans Apple Music. Dans la même journée, en écoutant Jazz 24 puis FIP, j’ai ainsi ajouté trois albums de Ron Carter dans mon audiothèque (Standard Bearer, Super Strings, Third Plane). On dirait que je vais devoir me remettre à la basse.
West Side Story (Leonard Bernstein). Est-ce qu’il faut vraiment que je me justifie ?
Black Night is Falling: Live at the Rising Sun Celebrity Jazz Club (John Lee Hooker). John Lee Hooker au sommet de son art, en 1977, parfaitement soutenu (et parfois poussé) par un trio dynamique. Si j’avais écouté le CD commercialisé en 1994, je m’en serais tenu à ce commentaire. Mais j’ai fait l’erreur d’écouter la réédition de 2020, qui colle une longue jam session à la fin de l’album, et — pire — trois remixes dignes du Macumba de Dun-le-Palestel.
The Music of Wayne Shorter (Jazz at Lincoln Center Orchestra/Wynton Marsalis). De passage à Lyon en 2014, Wayne Shorter avait joué à l’économie, ce qui n’avait rien de honteux pour un monsieur de 81 ans. John Patitucci à la contrebasse, et plus encore Danilo Perez au piano, avait su remplir les blancs. Sur la scène du Lincoln Center en 2015, Wayne Shorter joue à l’économie, ce qui n’a rien de honteux pour un monsieur de 82 ans. Wynton Marsalis et son orchestre font mieux que remplir les blancs, pour un album en forme d’hommage à une légende du jazz.
Don’t Freak Out (Endangered Blood). Je dois l’avouer, je trie souvent les nouveautés de la semaine en fonction de leur jaquette. Et parfois, comme avec ce joli album à la couverture étoilo-pixelisée, cela marche parfaitement.
Lire
Alors qu’il m’a fallu six semaines pour achever ma lecture auditive de Becoming, j’ai presque fini Sapiens après deux semaines d’écoute. Je commence à m’habituer au support, et j’ai pris le pli de créer des « clips » pour noter tel ou tel passage. Surtout, j’ai sacrifié quelques podcasts pour dégager du temps de « lecture ». Par ailleurs, je retiens ces articles :
- « Climate Models Are Running Red Hot, and Scientists Don’t Know Why » (Eric Roston, Bloomberg)
- « Teens have figured out how to mess with Instagram’s tracking algorithm » (Alfred Ng, Cnet)
- « Permafrost Is Thawing So Fast, It’s Gouging Holes in the Arctic » (Matt Simon, Wired)
- « Will Spotify Ruin Podcasting? » (Matt Stoller, BIG)
- « Wind Turbine Blades Can’t Be Recycled, So They’re Piling Up in Landfills » (Chris Martin, Bloomberg)
- « Ces enseignants qui ont un deuxième métier » (Séverin Graveleau, Le Monde)
- « UK’s 2021 census could be the last, statistics chief reveals » (Danny Shaw, BBC News)
- « What Do We Want History to Do to Us? » (Zadie Smith, The New York Review of Books)
- « The Multi-Generational Supercomputer » (Josh Ginter, The Newsprint)
- « Urbanisme : des idées pour prendre la clé des Champs » (Sibylle Vincendon, Libération)
- « Activate This ‘Bracelet of Silence,’ and Alexa Can’t Eavesdrop » (Kashmir Hill, The New York Times)