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Pierre Christin, Sébastien Verdier — Orwell

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Alors que le terminal refuse le paiement sans contact, Ginette propose de « faire ça à la papa ». Quelques secondes plus tard, elle met mon hésitation devant le clavier sur le compte de ma sénilité naissante. Petite précision : Ginette pourrait être ma grand-mère. Venez chez Bulle pour discuter quelques instants avec elle. Restez pour le nombre incroyable d’albums, du sol au plafond, sur deux niveaux et parfois deux profondeurs, de tous les genres et de toutes les époques.

Comme cet Orwell, dont la tranche rouge se détachait parmi les étagères désespérément noires consacrées aux romans graphiques. Le scénario de Christin est nécessairement elliptique — la vie de Georges Orwell pourrait alimenter une douzaine de tomes, comme Gordon Bowker ou Thomas E. Ricks peuvent en témoigner.

Le passage à Eton, les années birmanes, la vie dans la dèche à Paris, la guerre d’Espagne, le veuvage et la maladie… L’essentiel est bien là, et toujours ramené aux œuvres, évoquées dans quelques vignettes colorées, produites par une dream team de la BD contemporaine.

Elles relèvent plutôt qu’elles éclipsent les planches monochromes de Verdier, dont le trait fin et précis, aux fines hachures et aux noirs profonds, convient parfaitement au naturalisme halluciné de Georges Orwell. Sans faire offense à Christin, les doubles pages muettes sont parmi les plus poignantes de cette biographie. Une belle découverte, comme on en fait uniquement dans les librairies indépendantes.