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Quand l’homophobie se déguise en féminisme

Chimamanda Ngozi Adichie — We Should All Be Feminists

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We Should All Be Feminists est souvent mentionné dans le bréviaire féministe, et quelques passages me font croire que ma comparaison liturgique n’est pas si déplacée que cela. Un livre peut-il vraiment être « féministe » en passant sous silence la condition des femmes dont les gènes ne portent pas deux chromosomes X ? Admettons — il s’agit d’une transcription d’une conférence TED, un format qui confond l’éloquence avec la connaissance, qui remonte à 2012, une époque qui semble étonnamment reculée.

Reste qu’un passage comme « Men and women are different. We have different hormones and different sexual organs and different biological abilities–women can have babies, men cannot » flirte avec le bioessentialisme. Reste qu’une phrase comme « the loss of virginity is a process that usually involves two people of opposite genders » n’est pas loin de l’homophobie la plus crasse. Reste qu’une réflexion comme « men have more testosterone and are, in general, physically stronger than women » renforce la stricte binarité du genre.

Nous devrions tous et toutes être féministes, oui. Mais je demande si Chimamanda Ngozi Adichie l’est vraiment, ou s’il s’agit d’une étiquette censée la mettre à l’abri des critiques, pendant qu’elle avance les pires arguments essentialistes.