Les collapsologues manquent terriblement d’imagination : leur avenir n’est que décadence, effondrement, catastrophe. Cette paresse intellectuelle qui consiste à concevoir la fin de l’histoire comme une nouvelle préhistoire, cette passion triste qui consiste à préparer l’après-guerre sans tenter de prévenir le conflit, cette misanthropie flagrante qui consiste à célébrer le « chacun-pour-soi » en prétendant dénoncer les pires excès du capitalisme financier, me révulsent au plus haut point. Une autre fin du monde est bel et bien possible : la fin de l’ordre ancien pour célébrer le début d’un ordre nouveau, plus juste et plus sobre, d’une sobriété choisie aujourd’hui pour que l’austérité ne nous soit pas imposée demain.
Une autre fin du monde est possible, mais je ne suis pas certain qu’elle passe par ce livre construit comme un manuel de développement personnel pour la planète aux relents masculinistes, qui masque son insignifiance sous un déluge d’extraits d’études plus ou moins scientifiques1. Cachés derrière des citations qui n’engagent que leurs auteurs, et des poncifs qui n’engagent que les lecteurs les plus naïfs, Servigne, Stevens, et Chapelle ne se révèlent jamais vraiment. Quel ennui ! J’ai lâché après 200 et quelques pages, et encore, j’ai été généreux2.