Je ne sais toujours pas comment j’ai pu croire une seule minute qu’Une offrande à la tempête suivait Le gardien invisible sans passer par De chair et d’os. Je voulais vraiment, vraiment, croire Dolores Redondo plus talentueuse qu’elle ne l’est. Mais non, la « trilogie » du Baztan n’est qu’un seul roman de 1 500 pages dont l’intrigue s’épuise à force de ne jamais advenir. En faisant rebondir un ressort narratif aussi éculé que le coup du psychiatre cannibale1, De chair et d’os confirme ma suspicion, la pauvre inspectrice Salazar n’est qu’une Clarisse de pacotille.

Reste que le cadet de la trilogie n’est pas le moins intéressant des trois, pour une fois. Redondo est presque capable d’écourter ses tangentes pédantesques, s’intéresserait presque au développement de personnages qui n’ont rien de secondaire, et plonge presque dans le fantastique du folklore navarrais (ou les hallucinations d’une policière moins lucide qu’elle ne le croit — c’est du pareil au même). Presque : il y a quelque chose dans cette trilogie, suffisamment pour me convaincre de la lire dans le désordre, mais pas assez pour vous recommander de la lire dans l’ordre.


  1. Je ne divulgâche rien en le disant, et c’est bien le problème. ↩︎