Ultime ouvrage du regretté Jacques Portes, La véritable histoire de l’Ouest américain fleure l’histoire américaine « à l’ancienne », avec des réflexions essentialistes et des facilités de langage que l’on ne se permettrait plus, surtout au sujet des Amérindiens. Portes réduit le Canada à Dawson City et Louis Riel, alors qu’il fait pleinement (plainement ?) partie de l’Ouest américain, comme mes recherches1 – parmi d’autres – le montrent bien.
Est-ce une décision éditoriale ? Probablement : Portes a enseigné quelques années à l’université du Québec à Chicoutimi, avant d’écrire une thèse sur les relations franco-canadiennes sous la direction du maître Fohlen. Mais c’est bien la seule : la présentation incohérente des citations, les répétitions, ou encore les explications tardives d’un mot introduit dix pages plus tôt révèlent un manque d’édition indigne de l’éditeur érudit qu’est Armand Colin.
La véritable histoire de l’Ouest américain semble ainsi être resté à l’état d’un brouillon avancé, directement sorti de l’ordinateur de Portes. Décousu, comme lorsqu’il devient soudainement un ouvrage sur l’histoire du western, et inégal, comme lorsque trois pages brossent ici trois décennies et là trois heures, cet ouvrage n’en demeure pas moins une belle synthèse d’une histoire souvent réduite aux images d’Épinal.
Cf. Anthony Nelzin-Santos, Les Français des Prairies canadiennes (1870-1915) – Étude de cas : les Battleford, mémoire de master en sciences humaines et sociales (mention histoire) sous la direction d’Annick Foucrier, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2011. ↩︎