Arnaud et moi avons discuté de Klara et le soleil dans l’épisode #27 du Podcaaast.
Notes
Les prémices d’une religion, p. 58 :
Le lendemain matin la grille se leva sur un jour splendide. Le Soleil déversait son nutriment sur la rue et dans les immeubles, et lorsque je regardai l’endroit où l’Homme Mendiant et son chien étaient morts, je vis qu’ils avaient ressuscité - grâce à une sorte particulière de nutriment solaire qui les avait sauvés. L’Homme Mendiant ne s’était pas encore mis debout, mais il se redressait, souriant, le dos calé contre le seuil désert, une jambe allongée, l’autre repliée de façon à poser le bras sur son genou. De sa main libre, il caressait le cou du chien, ressuscité lui aussi, qui tournait la tête pour suivre les passants du regard. Tous les deux absorbaient avidement le nutriment spécial du Soleil, reprenant des forces à vue d’œil, et je vis que très bientôt, peut-être même cet après-midi, l’Homme Mendiant serait à nouveau debout, converserait gaiement avec les passants, selon son habitude.
Une autre manière de voir la fenêtre de Johari, p. 205 :
Je ne pouvais plus écarter la pensée embarrassante qui s’imposait à mon esprit. Avant même que Rick me fût venu en aide, j’avais commencé à me demander si le lieu de repos du Soleil se situait réellement à l’intérieur même de la grange. Bien sûr, c’était moi, et non Josie, qui l’avais suggéré, la fois où nous avions contemplé le couchant depuis la fenêtre arrière, donc une telle méprise m’incombait totalement. Certes, Josie ne m’avait à aucun moment induite en erreur. Même ainsi, il était décourageant de penser que le Soleil ne s’apprêtait pas à descendre à l’endroit que je cherchais à atteindre coûte que coûte, mais en un lieu encore plus éloigné.
Sur la perception, p. 348 :
Je fixai les plaques de verre. Le reflet du Soleil, d’un orangé soutenu, n’était plus aveuglant et, tandis que j’examinais plus attentivement le visage du Soleil encadré dans le rectangle extérieur, je saisis peu à peu que je ne regardais pas une image unique ; en fait il existait une version différente du visage du Soleil sur chacune des surfaces de verre, et ce que j’avais pris au début pour une image unifiée était en fait la superposition de sept images séparées que j’étudiai successivement, de la première à la dernière. Sur la vitre externe, son visage était austère et distant, et celui qui venait après me parut encore plus inamical, mais les deux suivants étaient doux et bienveillants. Il en restait encore trois derrière, que je ne pouvais donc pas voir en entier, mais je ne pus m’empêcher d’estimer que leur expression était chaleureuse et pleine d’humour. En tout cas, quelle que fût la nature des images sur chaque plaque de verre, lorsque j’en avais une vue d’ensemble, un seul visage m’apparaissait, avec une variété de contours et d’émotions.
Un petit miracle de subtilité, p. 237 :
C’est curieux qu’on tolère ça, non ? Tous ces miroirs dont le reflet ne nous renvoie pas notre véritable image ? Celui-ci te montre telle que tu es. Il ne pèse pas plus qu’un poudrier classique.