La première des quatre parties, qui décrit la « révolution cognitive » qui débouche sur la modernité comportementale, forme un superbe travail de synthèse, accessible sans être condescendant. Les trois parties suivantes, de la « révolution agricole » à la « révolution scientifique » en passant par la constitution d’un « empire mondial », forment un étalage d’affirmations à l’emporte-pièce, aussi distrayant que péremptoire.
Harari se laisse emporter par son indéniable talent de conteur : dire que « nous n’avons pas domestiqué le blé, c’est lui qui nous a domestiqués » ne suffit pas à prouver que « la révolution agricole est le plus grand piège de l’histoire. » Enfilant les assertions et les contradictions sur un fil de sophisme, il prend quelques libertés avec les recherches scientifiques récentes pour assembler la version paléo d’une histoire de l’humanité.
Son apologie du chasseur-cueilleur en phase avec la nature, sa critique de l’« humaniste libéral » qui serait « la religion dominante de notre époque », ou encore sa passion pour les tendances les plus patriarcales et les plus capacitistes de la psychologie évolutionniste, me rappellent les discussions que nous avions entre adolescents attardés qui étudiaient l’histoire. Et puis nous avons appris que les conséquences ne faisaient pas les causes, et que les aphorismes n’étaient de bons mots que s’ils étaient suivis d’une note de bas de page.