Avant d’être un livre écrit par l’architecte de mon bâtiment lyonnais favori, La Part-Dieu : le succès d’un échec est un objet. Avec son coin supérieur arrondi, son papier épais, son étroite colonne de texte délicieusement composé, ses notes marginales, et même son marque-page assorti, c’est une véritable expérience de lecture. Un tel foisonnement de polices et de couleurs perturberait la lecture d’un roman, mais se prête parfaitement à la lecture d’un ouvrage sur la conception d’un quartier fragmenté et disparate.

Mais La Part-Dieu : le succès d’un échec est aussi un livre écrit par l’architecte de mon bâtiment lyonnais favori, l’auditorium Maurice-Ravel en forme de coquille Saint-Jacques et sa place Charles-de-Gaulle en forme d’amphithéâtre, dont je suis tombé sous le charme brutal dès mon arrivée à Lyon. Cette collection d’anecdotes drolatiques et chicaneuses n’est pas une histoire définitive de la Part-Dieu, loin de là, mais permettra de l’écrire, sans doute.

J’ai été surpris d’y apprendre que l’ignoble dalle qui coupe le quartier verticalement n’était pas prévue par les plans originaux, mais s’est imposée face à la volonté des promoteurs de couper le quartier horizontalement avec l’infâme centre commercial. La volteface de la SNCF sur l’emplacement de la gare TGV a fini de condamner la cohérence du quartier le plus hostile au piéton que je connaisse.

Depuis dix ans que je me suis installé à Lyon, j’ai appris à ne pas détester ce quartier, mais à l’exception de la partie requalifiée de la rue Garibaldi, je ne peux pas dire que je l’aime. Je serais curieux de savoir ce que Delfante aurait pensé de la transformation de la gare en second centre commercial et de l’extension du projet urbain jusqu’à la prairie du fort Montluc. Malheureusement, il est mort en 2012.