Que cet ouvrage couvre la carrière prolifique d’un architecte grandiloquent ne donne pas le droit de bafouer les règles élémentaires de la composition typographique pour « expérimenter », comme si la forme devait absolument répéter le fond, danger mortel lorsque l’on est moins brillant que le sujet que l’on voudrait décrire. N’est pas Tschichold qui veut : les chiffres elzéviriens déchirent l’interlignage claustrophobe, les appels de notes détonent, les colonnes étroites se lézardent d’avoir tant été mises au carré. Prototype doit penser qu’un catalogue doit être vu plutôt que lu.

Mais je l’ai lu, des premières lignes de l’étrange entretien où les questions ignorent les réponses (je préfère oublier l’essai pédant qui le précède, lui aussi signé Frédéric Migayrou, critique d’art devenu directeur adjoint du Musée national d’art moderne situé dans le centre Georges-Pompidou) aux derniers mots de la brève compilation de réflexions de l’architecte (qui rappelle le rôle central de son associée et épouse Wendy, morte en 1989, dans la formation des agences Foster successives). Il m’a ainsi apporté le contexte dont l’exposition manquait cruellement.

Foster assure que les dessins parlent d’eux-mêmes1, mais il est difficile de les voir avec le nez dans son téléphone et de les entendre avec ses écouteurs dans les oreilles, maintenant que les audioguides et les applications remplacent les cartels. La première salle, tapissée de (superbes) plans du sol au plafond, empêchait fort littéralement de prendre du recul, sauf à vouloir trébucher sur les (magnifiques) vitrines pleines des carnets de l’architecte. La deuxième salle, pleine de (somptueuses) maquettes, offrait un parfait contrepoint avec sa vue dégagée sur la (navrante) Défense et même… des cartels !

Autant dire que le catalogue vaut bien l’exposition.


  1. La collection des ‌Norman Foster Sketchbooks présente ainsi des milliers de pages de carnets sans le moindre commentaire↩︎