Votre ennemi garde le contact avec vous

Une attaque d’une sophistication inédite, imputée à Israël, a plongé le Liban, mardi 17 septembre, dans le chaos et la panique. À 15 h 30, les bipeurs de centaines de personnes, faisant leurs courses, assises au café ou chevauchant leur scooter, ont explosé, après avoir, selon des témoignages, reçu un message. Pendant plusieurs heures, un ballet d’ambulances a déversé dans des hôpitaux, submergés, de Beyrouth, du sud du pays et de la plaine de la Bekaa, les blessés venus de fiefs du Hezbollah. Des victimes aux mains déchiquetées, certaines défigurées, d’autres blessées à l’aine ou à la jambe.

— Jean-Philippe Rémy et Hélène Sallon, « Liban : le Hezbollah ébranlé par une attaque aux bipeurs », Le Monde, septembre 2024.

La réalité est plus imaginative et plus sombre que la fiction. Le scénario d’une bande de luddites infiltrant les usines asiatiques pour mettre des bombes dans nos appareils électroniques et provoquer une panique mondiale a perdu toute son originalité. (Accessoirement, quand on parle d’état terroriste…)


We’re currently in a phase where we’ve seemingly traded those physical connections and materials in favor of mini screens we walk around with, afraid of making eye contact or conversation, avoiding supposed boredom in favor of always being entertained, always being engaged, always being enveloped by the cold blue light of endless stimulation.

I am the old person on the curb, being pushed off because you can’t walk in a straight line, yelling at the youngins’ to look up once in a while.

— Naz Hamid, « The Phone As Disruptive », septembre 2024.

Je pensais que le recroquevillement des gens sur leur téléphone était le meilleur symptôme de l’inhospitalité des espaces publics, je pense maintenant que la téléportation des zombies dans une réalité virtuelle en est sa pire cause. Lorsque l’on n’a pas besoin de regarder plus loin que son nez pour savoir ce qui se passe au bout du monde, pourquoi s’intéresserait-on à ce qui se passe (ou ne se passe pas) au bout de sa rue ? Quand une “personne” me rentre dedans parce que rien n’est plus important que son compte Instagram, cela arrive tous les jours parce que j’ai arrêté de m’écarter, je lui souhaite toujours la bienvenue dans le monde réel. La plupart d’entre elles ne prennent même plus la peine de s’excuser, ou alors seulement après avoir vérifié que leur téléphone n’avait rien.


Everything used to be so slow and expensive — both in terms time and money — so we could only have a limited number of novel experiences in a given period. Watching movies used to be a treat, and now we are numb to the latest blockbusters. Tiktok feels way more engaging for some people rather than them sitting through a 2-hour movie. Scrolling endlessly through statuses seems more interesting than reading a 300-page book. Who wants to read long blog posts, in-depth reporting and scientific journals when we can just quickly tap through instagram stories?

Now we can have millions of novel interactions in a day. Just like that guy who busted his lifetime’s novelty budget by abusing heroin, the availability of novelty in modern times makes nothing feel novel anymore.

— Winnie Lim, « The compression of our experiences », septembre 2024.

Notre horizon n’a jamais été aussi étendu, mais notre perspective n’a jamais été aussi rabougrie. La compression du temps est une compression de l’espace.


When I was a kid, my sister and I had a tower of VHS tapes we watched endlessly. Fast-forward to today, and my children’s movie collection is vastly different. It’s completely digital and dispersed across services. I wanted to recreate the tangible magic of my childhood for them. […] It’s a collection of laminated movie covers with an NFC tag inside. All my son has to do is pick the movie he wants to watch and put it on the NFC reader. Home Assistant will do the rest.

— Xavier Decuyper, « How I Built an NFC Movie Library for my Kids », Simply Explained, aout 2024.

Ce n’est pas une fatalité : une autre informatique, plus tangible et plus conviviale, est possible. Une informatique attachée à l’espace, et donc au temps, une informatique qui ferait interface au lieu de faire barrière. Une informatique qui nous ferait sauter de joie au lieu de nous sauter à la face.