« Et si on essayait d’être bienveillant ? » écrit en petit sur un mélange de collages muraux.
Lyon, janvier 2025.

Une vie intérieure très riche

Lyon (France)
Certains y verront des concessions. D’autres un serment d’allégeance à Donald Trump, à deux semaines de son investiture. Mark Zuckerberg a annoncé mardi renoncer à la vérification des faits sur l’ensemble des réseaux sociaux du groupe Meta. […] Le patron de Facebook, Threads et Instagram prévoit aussi une levée des restrictions sur certains sujets sensibles comme l’identité de genre ou l’immigration, obsessions de la droite américaine, ainsi que le retour des recommandations de contenus à caractère politique. […] Un virage à 360 degrés ? Plutôt une confirmation. En août dernier, le patron de Meta semblait déjà prêt à tourner la page.

— Jean-Michel Lahire, « Meta, X… comment la tech se met en ordre de marche derrière Donald Trump », Le Progrès, 8 janvier 2025.

La vacuité de l’analyse des déclarations de Meta, pour autant que l’on puisse encore parler d’analyse, est affligeante. Mark Zuckerberg confirme que l’on ne peut pas diriger une entreprise pesant 1 500 milliards de dollars sans savoir mettre son ego de côté. Il n’a pas changé d’avis, puisqu’il ne porte pas de chemise. Il n’a jamais cru en rien, sauf sa destinée, ni personne, sauf lui. La fin d’un cynisme absolu justifie les moyens d’une immoralité patente, les opinions importent moins que les transactions, Donald Trump le sait mieux que Joe Biden.

Comment les Européens pourraient-ils être surpris ? Plus encore que les Américains, nous incarnons l’aboutissement du capitalisme, au point d’avoir soumis les évolutions de notre projet politique aux besoins du sacrosaint marché unique. En voulant libérer notre économie de la main invisible tendue depuis l’autre côté de l’Atlantique, nous avons fait vaciller le dernier pilier de la puissance économique américaine chancelante, la captation de données personnelles pour concevoir les publicités qui financent l’industrie des technologies.

Sous la présidence de Joe Biden, le gouvernement américain n’a pas seulement laissé faire, mais lui-même attaqué les multinationales qui contestent son hégémonie culturelle. L’alignement des dirigeants de dix plus grandes capitalisations boursières derrière Donald Trump n’est pas un retournement, mais l’accélération d’un mouvement de préservation du capitalisme contre les dernières velléités d’asservissement de l’économie au politique. Trump est une arme à double tranchant, mais c’est l’arme que les patrons de la tech’ se sont choisie. Dire que cela va durer (au moins) quatre ans.


As someone who stopped drinking four years ago, shortly after my brother died — for me, a moment of reflection — I am always encouraged when people tell me that they are considering quitting. This is in part because I know that quitting involves more than conquering your thirst; it’s also about confronting the aspects of our culture that normalize and romanticize drinking and can be suspicious and dismissive of those who quit.

— Charles M. Blow, « I Quit Drinking Four Years Ago. I’m Still Confronting Drinking Culture. », The New York Times, 8 janvier 2025.

Je dois encore me justifier de ne pas avoir bu une goutte d’alcool depuis plus de deux ans, comme s’il était normal de s’empoisonner pour supporter la moindre interaction sociale. Au mieux, je peux faire rire l’assemblée en assurant que j’ai une vie intérieure très riche. Au pire, je dois jeter un froid en glissant que je ne suis pas le problème. Dans les deux cas, la discussion ne dure jamais longtemps, parce que les gens veulent rarement discuter, mais souvent me convaincre. (Si l’alcool ne me manque pas, certaines saveurs me manquent. Je commence à comprendre le désespoir des amateurs de café décaféiné, qui sont les meilleurs buveurs de café, parce qu’ils veulent son gout sans ses effets, et les cafés décaféinés ont rarement bon gout. Espérons que les vignerons finiront par prendre les vins désalcoolisés au sérieux.)


While talking to the CEO of Microsoft, Pratchett asked what would happen if a writer disseminated on the internet something atrocious and libelous, say a pseudo-academic work of Holocaust denial. “There’s a kind of parity of esteem of information on the net,” said Pratchett, “there’s no way of finding out whether this stuff has any bottom to it or whether someone has just made it up.” Predictably, Gates denied the threat of any sort of epistemological collapse. Without offering any mechanism for doing so, the billionaire told the author that “you will have authorities on the net… The whole way that you can check somebody’s reputation will be so much more sophisticated.” Google was three years into the future—Facebook would be founded in nine years—Twitter in eleven. If Pratchett seemed sardonic and cynical in 1995, then Gates’ pollyannish, Panglossian exuberance appears positively psychotic three decades later.

— Ed Simon, « In Praise of Print: Why Reading Remains Essential in an Era of Epistemological Collapse », Literary Hub, 25 novembre 2024.

Ouvrez un blog. Lisez des livres.


Personal blogs are now littered with newsletter popups before you’ve read a single article. Even small online shops you’ve never visited before put notification badges on icons while chatbots float in the corner. Login walls are being presented before any justification is made for doing so. We’ve fully lost the plot. Everyone has subscribed to proliferate this awful version of digital life.

— Louie Mantia, « Reclamation », LMNT, 31 décembre 2024.

J’ai une vie intérieure très riche, alors j’ai fermé les comptes Instagram et Threads de Z1NZ0L1N. Vous pouvez toujours suivre les publications sur Bluesky, sur Mastodon et par RSS. Vous pouvez même financer mon addiction au café sur Ko-fi !